mardi 12 février 2013 - 851e jour



Comme les jours précédents, je reste dans la salle à manger de l’hôtel toute la matinée, en bavardant un peu avec les autres clients et en écrivant beaucoup. Vers midi, j’avale une bonne soupe de nouilles et je décolle en direction du centre historique. Je parcours d’abord le quadrillage des rues impeccables en m’attardant devant certains bâtiments audacieux, comme la structure aérienne tout en légèreté de la bibliothèque nationale, ou ce palace et ses étonnants jardins suspendus. Le Raffles Hotel, lui, bien que maintes fois rénové et agrandi, est un superbe vestige de l’époque coloniale. Ces longues galeries à arcades respirent une élégance toute britannique. A deux pas, les solennels City Hall et Supreme Court sont en rénovation totale ; on ne conserve que les murs extérieurs en pierre et les hautes colonnes. Je franchis alors la rivière pour longer les quais, là où la ville fut fondée en 1819. Evidemment, ils ont été grandement modernisés, même s’il reste quelques maisons anciennes. Celles-ci semblent d’ailleurs bien minuscules alors que s’élèvent juste derrière les gratte-ciel du quartier des affaires, l’une des plus puissantes places financières au monde. Le nez en l’air, je m’infiltre entre ces monstres de verres étincelants : tant la densité que la verticalité du secteur sont étourdissantes. Au milieu subsiste la fine galerie métallique du marché au poisson, comme un anachronisme. Je continue en tournant autour de Marina Bay, formée artificiellement par des terres gagnées sur la mer. C’est là, face au théâtre tout en rondeur que trône le Merlion, l’emblème de la ville. De l’autre côté se trouve une fête foraine, et surtout les trois époustouflantes tours du Sands Hotel, tout droit sorti de la Guerre des Etoiles. Les jambes lourdes, je me rends alors compte que je fonce sans m’arrêter depuis des heures, et même si ce spectacle hallucinant m’attire de toute part, je parviens à me raisonner. Pour prendre le métro, je descends donc dans une véritable ville souterraine, avec ses tunnels interminables, entièrement carrelés et climatisés, et ses innombrables magasins. Pour le goûter, j’y avale même quelques sushis japonais. Dans la soirée, je ressors pour diner dans Little India, cette fois dans un petit restaurant russe assez chic, des espèces de raviolis de bœufs au son de la techno de Moscou. Enfin, je retrouve la clientèle bigarrée de l’hôtel : Josh, du Sierra Leone, me paye une bière sur le trottoir, tandis que Tony, du Nigéria, balance sur son téléphone les rythmes d’Afrique que j’aime tant.










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