Confiant, je quitte l’hôtel de bonne heure, sac au dos et
près à partir. Le métro aérien s’arrête dans cette gigantesque gare centrale,
suspendu à 10m au-dessus de la foule et des boutiques. De là, j’ère un bon
moment au milieu d’une grappe de gratte-ciel avant d’entrer dans un premier
bureau de poste. Je fais patiemment la queue pour m’entendre dire que je ne
suis pas au bon endroit. J’entre alors dans un second, tout petit : au
bureau réservé aux envois internationaux, je suis reçu par une malaise voilée,
au yeux clairs et à la beauté troublante. Elle me répond sur un ton glacial qu’elle
a besoin de la référence du courrier. Je ressors cinq minutes pour me calmer et
repars à l’assaut en usant de la plus grande politesse. Finalement compréhensive,
elle envoie son assistant chercher la lettre, en vain. Cette fois, je suis bel
et bien coincé, mon argent liquide presque épuisé, mais je parviens me raisonner.
La situation n’est pas si grave : je suis encore dans les temps par
rapport à mon planning, mes parents sont toujours là en cas d’urgence, et même
si je serais mieux à la plage, la capitale reste agréable. Elle manque un peu
de caractère à mon goût, mais objectivement, Kuala Lumpur est une vraiment
belle ville. C’est d’abord grâce à l’heureux mélange de sa population, qui
s’adapte avec aisance au climat équatorial et au mouvement perpétuel, dans le
calme, tout en perpétuant trois cultures distinctes. Celles chinoise et
indienne sont héritées des générations immigrées depuis des siècles ;
tandis que la culture malaise indigène, plus ancienne encore, s’impose comme le
socle (pas le sloque, le socle). Et l’ensemble évolue dans un environnement
sous contrôle, propre, organisé et résolument moderne. Pour la grande majorité,
la vie semble aisée et agréable. Dans l’après-midi, je pars au hasard explorer une
banlieue. En glissant au milieu de l’agglomération, j’observe le contraste des
immeubles rectilignes, immobiles, et la fluidité des voies de circulation, dont
les courbes se rejoignent et se chevauchent sans heurt. Je choisis un arrêt
sous le prétexte que je reconnais le mot « taman », jardin. Au loin
sur les collines, s’étalent des quartiers résidentiels de belles maisons ;
et plus près, des barres d’immeubles entourent de grands buildings abritant des
bureaux et des centres commerciaux. Je flâne longuement autour d’un lac, dans ce
parc extrêmement calme, où j’espionne discrètement quelques habitants. Plus tard
dans la soirée, j’interromps mes travaux pour aller me détendre dans un bar
reggae. Devant une bonne pizza, au son des basses bien grasses, j’essaie de
suivre simultanément sur les télés du foot, du basket et de la boxe.
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