Plié
en quatre sur mes deux sièges, j’ouvre les yeux aux premières lueurs de l’aube,
sachant que l’arrivée à Bandarlampung était prévue à 5h. En guettant les gares
successives, je regarde longuement le paysage défiler, loin du bitume pour une
fois. La nature reste toutefois sous contrôle : outre l’inévitable palmier
à huile, on cultive l’hévéa, le cotonnier, le riz ou encore le tabac, tandis
que de temps à autre apparaît un hameau orangé, avec ces maisonnettes de
briques et de tuiles. Le train stoppe enfin vers 9h : c’est le terminus.
Dehors, on se rue sur moi pour me conduire, mais je décline : il me faut
d’abord un petit-déjeuner. Je trouve une guinguette à l’écart le temps que tout
ce petit monde se disperse, puis j’avance à pied. Mon épreuve n’est pas tout à
fait terminée : je monte dans un de ces tout petits minibus dont les
basses font trembler les vitres, puis un second qui me laisse à la sortie de la
ville. Je réserve une place dans un monospace récent, puis j’attends qu’il se
remplisse. En roulant, je constate que j’ai atteints le Sud de Sumatra, là où
les marais de la côte Est, que je longe depuis une semaine, rejoignent l’Ouest
montagneux. Autour d’une vaste baie sont installées d’impressionnantes
installations portuaires, des cuves géantes et de grosses usines. Plus loin,
nous battons à nouveau la campagne, agrémentée d’un relief accidenté et
d’innombrables cocotiers. Une course en ojek plus tard, je pose enfin mon sac
dans ma nouvelle chambre, après plus de 27h de voyage. Me voici à Kalianda, un
bourg assez charmant, et surtout paisible. Je déjeune en vitesse une assiette
de riz et je file en direction de la mer. J’aboutis au port de pêche, doublé
d’un marché aux poissons. Comme toujours, les gens sont accueillants, on me
paye même un café. J’observe un moment les gens au travail, les bateaux et ce
qui était jadis le village, mais l’endroit n’est pas propice à la baignade. Je
me rends donc à l’opposé, à la sortie de la cité avant de trouver une longue
plage. Elle est un peu sale, le sable est gris, mais il y a trop longtemps que
je n’ai pas barboté dans les vagues ; ma longue baignade me fait un bien
fou. Ainsi, je retrouve avec grand plaisir l’océan Indien que je n’ai pas vu
depuis Goa ; un bail, et une trotte. Le soir, je discute avec le patron de
l’hôtel : j’obtiens une réduction substantielle pour ma sortie en mer de
demain. Elle me coûte quand même 700 000 roupiah, soit 55 euros, mais
j’estime l’avoir bien méritée.
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