jeudi 31 janvier 2013 - 839e jour


Monsieur Chong est bien gentil, mais quand il se lève à 6h, il a la légèreté d’un pachyderme. L’argentin disparaît dans la foulée tandis qu’Ayumi et moi prenons le temps de nous étirer. Alors que je sors pour aller chercher mon café et mes brioches, elle demande à m’accompagner : mignonne comme elle est, elle peut bien me suivre jusqu’à Jakarta si ça la chante. Dans le salon, devant la rue qui s’éveille, nous faisons plus ample connaissance. Elle s’avère une fille perspicace et indépendante, et pour ne rien gâcher, masseuse de profession et passionnée de danse africaine. Comme j’en connais un rayon sur l’Afrique, je lui conte quelques anecdotes avec nonchalance. Puisque j’ai quasiment plié mon programme de quatre jours en trois, je n’ai plus que des broutilles à voir aujourd’hui ; elle accepte de me suivre avec un sourire angélique, la journée commence bien. Trois jours à KL et je connais la ville comme ma poche : je commence donc par jouer au guide touristique. Un petit tour dans Chinatown, puis nous partons à pied vers le Sud. Hors du centre, les piétons ne sont pas les bienvenus ; nous longeons une autoroute pendant une demi-heure avant d’arriver devant l’ancien palais royal, qui n’est en fait qu’une simple maison de maître à peine centenaire, fort jolie soit, mais légèrement sobre pour un Roi. De plus, elle est de toute évidence plus un musée à la gloire du monarque que sa véritable résidence. A nouveau sur le bas-côté du tarmac, nous cherchons le plus grand temple chinois de la cité. En suivant ma carte, je décide de nous éloigner de la circulation en gravissant une colline, pour ne trouver qu’une modeste mosquée. Néanmoins, il y a là un petit restaurant très local, et juste avant la prière de midi, il est bondé. Vu la chaleur, c’est l’occasion de faire goûter à ma camarade ce drôle de dessert, le cendol. Sur un bol de glace pillée, on verse du lait de coco, du sucre de palme, et on ajoute des morceaux de gelée, de légumes verts et des haricots rouges ; bizarrement, c’est très bon. Désormais affublés d’une touriste chinoise perdu, nous trouvons finalement le temple Thean Hou. Très récent, il est aussi richement décoré. Notre équipière éphémère nous initie au taoïsme, puis elle nous quitte en montant dans un bus. Avec Ayumi, visiblement ravie de me suivre, nous traversons l’autoroute et la rivière vers Little India ; Le quartier, plutôt populaire, est quelconque, jusqu’à ce que nous arrivions sur la rue principale. Une fontaine avec des éléphants bleu et rose, les façades peintes en mauve et des saris dans les vitrines : pas d’erreur, c’est bien là. Nous nous régalons dans un bon restaurant en partageant nos souvenirs du sous-continent puis à deux pas, nous filons à la gare centrale, où se rejoignent tous les moyens de transport. Evidemment elle est toute neuve, et elle est tellement vaste et bien conçue qu’on croirait un aéroport international. Deux stations plus loin, comme Ayumi à rendez-vous avec une amie, je lui montre rapidement le quartier historique britannique avant de l’accompagner, en bon gentleman, jusqu’au métro aérien adéquat. Ma petite japonaise et moi nous entendons à merveille, mais elle part vers le Nord en avion et son billet n’est pas remboursable. C’est bien dommage car de son propre aveu, elle aurait bien voulu voir Malacca avec moi ;  c’est souvent le cas entre voyageurs au long cours, on ne fait que se croiser. Mais si on ne voyageait pas, on ne se croiserait pas. Il a fait particulièrement chaud cette après-midi, et d’ailleurs, je n’ai pas assez dormi. Je me traîne donc toute la soirée, en préparant mollement la suite, jusqu’au retour de ma belle. En papotant sagement jusqu’à une heure avancée, nous prolongeons le plaisir, encore un peu.





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