dimanche 21 avril 2013 - 919e jour


Sur Florès, les portugais ont légué le catholicisme, mais ici, à l’Ouest de Timor, les gens sont de fervents protestants du fait de la longue présence des hollandais. Et en ce dimanche matin, bien sûr, tout le monde va à la messe. Je passe donc une matinée très tranquille, à déambuler dans la grande maison vide et à travailler sur la terrasse. Puis la famille revient pour le déjeuner : chacun mange où et quand ça lui chante, et je partage mon repas attablé avec Yutmen ; riz évidemment, poisson et feuilles vertes. En suivant, nous allons retrouver la même bande que la veille ; la jolie française, l’espagnol, l’australien et sa petite-amie ainsi qu’un couple de jeune indonésien. C’est donc un convoi de quatre motos qui roulent lentement à travers la campagne en direction d’une plage de la côte Nord. Hors de Kupang, les gens sont tous paysans et vivent de la manière la plus simple. Les cahutes en bambou et toits de chaume se succèdent, tandis que nous prenons de la hauteur. En outre, la saison des pluies de quatre mois seulement étant fini depuis un bon moment déjà, la végétation est nettement plus éparse que sur les îles précédentes. Parfois, au détour d’un virage, au-delà des herbes roussis par la sécheresse, on domine la côte tortueuse, superbe, cernée par l’infini bleu. Après une heure de route, nous nous arrêtons boire un verre dans un charmant village de pêcheur, très pittoresque, puis nous atteignons enfin la plage. Je me demandais pourquoi nous allions si loin alors que tout le littoral est si engageant, mais je dois bien reconnaître que cet endroit sauvage, seulement occupé par quelques locaux, valait le détour : eau tiède et limpide, mer d’huile, et sable blanc agrémenté de quelques anciens récifs coralliens. Comme je manque d’exercice ces temps-ci, je nage longuement, tout seul, avant de me revenir me mêler à la joyeuse équipe. Je bavarde avec les uns et les autres, notamment avec le pauvre ibère qui tient une forte fièvre ; je ne le rassure pas en lui contant ma rude expérience du palu. En repartant, nous nous arrêtons au village pour contempler le coucher du soleil, et après une crevaison, comme Yutmen part raccompagner un ami, je l’attends chez l’australien. Il admire mon épopée, mais j’en ai autant à son service, lui qui accepte un salaire de misère pour aider les autres, tout en vivant dans une maison rudimentaire et en se mêlant avec humilité à la population. Bien plus tard, mon hôte m’emmène diner au marché du soir, où nous sommes les derniers clients au milieu des guinguettes typiques. En dévorant méticuleusement un gros poisson grillé, j’apprends à mieux connaître cet adorable garçon.


 

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