jeudi 18 avril 2013 - 916e jour


Lever dès 6h comme j’en ai l’habitude, j’embarque vingt minutes plus tard dans un minibus ; j’estime que ma longue journée s’engage bien, mais c’était sans compter sur l’attente d’une heure à la gare routière. Dans le coin, comme les gens n’ont pas de voiture, on prend grand soin des bus et celui-ci ne déroge pas à la règle : relativement ancien mais entièrement rénové, il arbore une carrosserie repeinte d’une jolie fresque colorée, et la puissante sono crache des classiques rock américains ou de la pop indonésienne. En milieu de matinée, nous traversons Moni, où j’aperçois ma belle espagnole en train de bouquiner sur sa terrasse. A partir de Maumere, la plus grande ville de Florès, nous roulons un moment le long de la côte Nord, sur la seule portion relativement plate et rectiligne. A partir de là, comme je me retrouve tout seul sur la banquette arrière, je prends mes aises : les pieds et la tête au vent, dépassant de chaque côté du véhicule, la visière de ma casquette judicieusement placée sous la nuque, je dors comme un bébé. A mon réveil, c’est la pause-déjeuner ; évidemment, dans ce restaurant au milieu de nulle-part, je ne passe pas inaperçu. Puis nous repartons dans une succession de montées et de descentes ; la région semble encore moins habitée, et en conséquence nettement plus sauvage, puisque nous franchissons maintenant de véritables forêts plantées d’arbres centenaires. Et après 8h de voyage, nous atteignons enfin Larantuka, le point final de cette courbe colossale que je trace depuis Sumatra. Juste en face du port, le coaxer me dépose devant une vieille bicoque sur laquelle est accrochée une pancarte indiquant « hôtel ». La grand-mère, qui n’en revient pas de me voir chez elle, finit par me donner une minuscule chambre des plus rudimentaires ; je la paye 25 000 rupiah (deux euros), record battu. Je me presse de ressortir avant la fin du jour : ce côté de la ville n’est qu’un village très pittoresque, qui s’étale le long de la côte escarpée. Je me défoule en jouant une partie de volley avec des adolescents, avant de me poser face au panorama toujours aussi sublime ; le soleil se couche sur l’océan et sur ces petites îles qui s’égrènent toujours plus loin vers l’Est. Un homme en moto me conduit alors dans le centre très tranquille, puis comme je parviens à trouver un vaste restaurant doté d’internet, j’arrête un gamin qui m’emmène gentiment chercher mon ordinateur ;  en me déposant devant l’établissement, il déguerpi sans que j’ai le temps de lui donner une pièce. Vers 22 h aussi, alors que je me résous à marcher les 5 ou 6 km sous la voie lactée, un homme âgé a la courtoisie de me raccompagner jusqu’à mon humble demeure.



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