Forcément levé en même temps que Jane et Pablo, je prends
tranquillement mon petit-déjeuner pendant que la joyeuse équipe, qui continue
son chemin sans moi, plie ses valises. Après avoir salué tout le monde, je pars
jusqu’au bureau du tourisme, où je suis surpris d’obtenir moult renseignements
sur le peuple Ngada qui habite les environs, perpétuant des traditions
ancestrales, mais aussi sur le ferry au départ d’Ende. Celui-ci ne levant
l’ancre que jeudi, je m’accorde d’amblée une journée de plus dans cette
paisible petite ville. Dans la foulée, je loue une moto puis je file à travers
cette magnifique campagne, comme toujours très accidentée et luxuriante.
J’effectue quelques haltes pour crapahuter en peu dans la nature, dominée par
d’énormes bosquets de bambou, avant d’atteindre le joli village de Bena, très
pittoresque, qui épouse les contours d’une crête. En buvant un café dans un
coin, je m’imprègne de la singularité des lieux. De part et d’autre d’une
grande place à plusieurs paliers sont alignées de jolies maisons toutes
identiques, sommairement construites en bois, avec en façade, des balcons protégés
par un avant-toit de bambou. Les hommes sont certainement aux champs, mais sur
les terrasses, les femmes tissent l’ikat, une sorte d’épais pancho en coton, et
les grand-mères mâchent du bétel, ce qui colore leur bouche d’orange. Je
déambule ensuite sur la grand place : des tombes classiques, arborant des
images du Christ, prouvent que cette ethnie pratique le catholicisme. Et à
côté, prolongeant des coutumes plus anciennes, des espèces de menhirs et
dolmens dévoilent d’autres sépultures, tandis que les esprits des défunts
résident dans les ngadhu, masculins, semblables à des parasols en chaume, et
dans les bhaga, féminins, de petites maisonnettes sculptées de motifs tribaux.
En partant, je m’enfonce alors sur la petite route qui dévale la pente de
l’autre côté, à la recherche des sources d’eau chaude. En demandant mon chemin,
je rencontre un jeune homme timide, lui aussi au guidon d’une moto, qui se
propose de m’ouvrir le chemin. En contrebas, nous débouchons sur une rivière
étonnamment fumante, dégageant une forte odeur de soufre : impossible de
s’y baigner, l’eau est brûlante. Alors que je lui explique vouloir me rendre à
un autre village, Dayon, à qui le grand-père portugais a transmis ses traits,
m’offre encore de me guider. Roulant désormais sur les hauteurs, je contemple un
paysage vertigineux, dominé par l’énorme volcan Inéri. Wogo, un village Ngada lui
aussi très traditionnel, est nettement moins visité. J’y retrouve les mêmes
caractéristiques qu’à Bena, mais l’épais brouillard dans lequel il est plongé lui
confère une atmosphère des plus mystérieuses. Dayon, 20 ans alors que je lui en
donnais 10 de plus, parle peu anglais ; heureusement, grâce à mes progrès
en indonésien, nous parvenons à communiquer. Assis devant une maison, je sors
de mon coffre ma bouteille d’arak, que nous sirotons ensemble. Et avant de
rentrer chacun chez nous, comme je n’ai rien de prévu pour demain, je lui
demande s’il veut m’accompagner au sommet du volcan. Toujours avec beaucoup de
retenue, il accepte : rendez-vous est pris dès 7h.
4 commentaires:
joli village au milieu des montagnes. la mer est deja loin, encore une terre de constrate
Une vraie découverte. Nous n'avions jamais rien vu de tel. Quel bel endroit préservé. Des bisous
salut, c'est qui ?
Louise et Ade, dsl !
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