mercredi 24 avril 2013 - 922e jour


Ce matin, comme Yutmen donne des cours, c’est son grand frère, malgré son anglais hésitant, qui prend soin de l’invité. Il m’emmène d’abord à la mairie, où se déroule une foire d’artisanat ; mais comme les stands sont encore en cours d’installation, le tour est plutôt rapide. Il me conduit alors à son école, fermée aujourd’hui, où il officie en tant que prof de musique ; avec les salles de classe bâties autour d’une jolie cour, l’établissement est très agréable. Nous y avons une discussion hautement stratégique à propos de foot, puis c’est au tour d’une de ses collègues de me bombarder de question sur le système français ; elle est sidérée par tant d’avantages. Ensuite, mon jeune ami vient reprendre le flambeau. Après avoir récupéré le visa au consulat en un clin d’oeil, nous filons acheter mon ticket de bus pour Dili, où je me rends dès demain. Au Timor Leste, je ne compte rester que 5 jours avant de m’envoler pour Nouméa : cette fois, ça sent la fin ; la fin d’un chapitre seulement. Pour déjeuner, alors que je me fais généralement un devoir de payer dès que nous sommes dehors, Yutmen tient cette fois à m’inviter. Nous allons donc dans un bon restaurant, sur une vaste terrasse entourée de végétation. Au milieu de cadres en costume, je me régale de porc grillé au barbecue. Plus tard dans l’après-midi, il me réserve une surprise rafraîchissante. En moto comme toujours, nous sortons de la ville, stoppons sur un petit chemin, et partons à pied à travers champ, dans un paysage de hautes herbes jaunies planté de quelques arbres chétifs ; on se croirait presque dans la savane du grand rift. Au bout du chemin, nous descendons dans une grotte étroite, et au fond de la fissure, dans l’obscurité, les reflets d’un bassin dansent sur la roche. En me baignant dans le noir, je ressens une impression étrange, une sorte de vertige. Enfin, pour mon dernier diner indonésien, nous allons dans un bien modeste boui-boui de bord de route. J’y mange un grand classique, ou plutôt deux : saté ayam et mie goreng (brochette de poulets sauce cacahouète et nouilles sautées). Et alors que mon ami et moi philosophons sur le voyage, je l’encourage à être un peu moins sage, lui qui a tout du gendre idéal. S’il veut parcourir le monde lui aussi, il va devoir bousculer l’ordre établi. Quoiqu’il en soit, je me réjouis d’avoir rencontré, sur ma longue route, cet adorable garçon, si brillant dans sa tête et généreux dans son coeur.



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