Aujourd’hui, c’est la guerre. Comme si trois îles et autant
de détroits à traverser ne suffisaient pas, je dois encore récupérer mon
passeport. Je me pointe aux bureaux de l’immigration dès l’ouverture, à 9h ;
il doit encore y avoir une fête à célébrer, puisque les nombreux agents
habituellement présents sont remplacés par trois ou quatre civils. Ils ne
semblent pas particulièrement pressés d’effectuer le travail, mais je
m’accroche au guichet tout en gardant le sourire. Je repars avec mon nouveau
visa en poche, en sachant parfaitement que sa durée sera insuffisante ;
reste à savoir dans quelle mesure. Presser d’engager les hostilités, je file en
ojek jusqu’à la principale gare routière. Je n’attends pas très longtemps, mais
mon bemo, qui s’arrête toutes les cinq minutes ou qui s’enfonce sur les petites
routes de campagnes, avance très lentement. Dans ces conditions, j’arrive au
port de Padangbai un quart d’heure seulement avant le départ du ferry de 13h.
J’ai juste le temps d’attraper un paquet de gâteaux secs pour le déjeuner, et
me voilà voguant sur le détroit de Lombok vers l’île du même nom. Pendant la
traversée de 4h, je discute avec un gentil garçon de là-bas, Surit : puisqu’il
est étudiant en tourisme, comme tout le monde, nous échangeons des cours dans
nos langues respectives, puis il m’invite à passer chez lui avant de m’emmener
à la capitale. De l’autre côté, un gamin d’une dizaine d’année nous attend avec
une moto et mon nouvel ami me conduit jusqu’à son village. La famille au sens
large, qui occupe plusieurs petites maisons entassées les unes sur les autres,
m’accueille avec autant de plaisir que de curiosité. Sur une espèce de kiosque
trônant au milieu de la cour, on nous sert un maigre diner au milieu d’une bonne
dizaine de personnes de tous âges. En ne faisant que passer à Lombok, je mesure
la chance de pouvoir partager pendant un court moment la vie simple de ces gens
sympathiques. Puis avec Surit, nous repartons vers Mataram, où il compte me
trouver un hôtel. Mais en arrivant dans l’agglomération, un peu gêné, il me
propose finalement de dormir dans sa chambre d’étudiant. C’est évidemment
rudimentaire, seul un matelas meublant la pièce, mais amplement suffisant en ce
qui me concerne. Plus tard, alors que nous nous arrêtons dans une boutique,
j’achète des sodas et des biscuits pour le remercier. Nous allons bavarder en
grignotant sur l’avenue principale, là où se rassemble la jeunesse le soir venu ;
lui évoque son rêve, voyager, et moi le mien, que je suis en train de vivre à
ses côtés, là, assis sur le trottoir.
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