mercredi 17 avril 2013 - 915e jour


En prenant mon petit-déjeuner sur le balcon de mon bungalow de bambou, je profite encore un peu de la fraîcheur relative de Moni, perché à peut-être 500 m d’altitude, avant de redescendre au niveau de la mer, dans la canicule. Je n’attends pas longtemps sur le bord de la route, et lors de ce court trajet de deux heures, j’ai à peine le temps de fermer l’oeil que me voilà déjà revenu à Ende. J’y trouve un grand hôtel très bon marché, puis j’enfourche immédiatement un ojek pour me rendre au guichet d’une compagnie navale privée. Contrairement à mes informations, leur bateau en direction de l’île de Timor est parti hier, et le prochain ferry public ne lève l’ancre que lundi. J’ai beau aller jusqu’au port de marchandise, l’officier m’indique qu’aucun cargo n’est au départ ; me voilà coincé ici pour quatre long jours. Sur le retour, contrarié, je me contente de répondre poliment mais sèchement aux innombrables « hello misterrr ». Mais en déjeunant sur la terrasse de l’hôtel, le patron m’explique qu’un ferry part après-demain de Larantuka, à l’extrême Est. Pas convaincu, j’hésite quelques minutes avant de décider de prendre le risque d’effectuer le trajet pendant toute la journée de demain. D’ici là, rien de tel pour me calmer que de marcher un peu : je parcours donc les rues bruyantes de cette ville moyenne, ponctuées d’églises et de mosquées, jusqu’au centre, laid et encombré. Pourtant, en me rapprochant de la mer, le bourg devient plus agréable : l’ancien village de pêcheurs est resté en l’état, avec ses ruelles paisibles et ses maisonnettes de bois nichées dans des jardins soignés. Arrivé sur la plage, malgré la chaleur, je renonce à me baigner ; même si le sable noir cache la misère, la plage est jonchée de détritus, sans compter plusieurs cours d’eau qui sont autant d’égouts se déversant dans l’océan. Plus loin, je jette un œil à la maison qu’occupait Soekarno lors de son exil forcé, celui-là même qui proclama plus tard l’indépendance et devint le premier président. Comme le gardien dors à poing fermé et que la porte est verrouillée, je m’introduis par derrière et visite les lieux sur la pointe des pieds. Plus tard, à la sortie de la ville, je m’arrête dans une boutique pour prendre un café au calme ; c’est raté, car la famille et les voisins sont trop contents de voir un « boulé ». Après l’inévitable séance photo, trois adolescentes hystériques et un garçon à peine plus vieux insistent pour que je les accompagne à la plage. Grace à eux, même si la discussion est limitée, je retrouve le sourire. Je le répète souvent : tout dépend de comment on voit les choses. Avec un autre état d’esprit, j’apprécie de regarder les gamins jouer au foot, et surtout j’admire la situation exceptionnelle de cette banale cité portuaire, blottie au fond d’une large baie et encadrée par deux gros volcans verdoyants. Enfin, je passe une soirée paisible sur internet. Ici, loin des circuits touristiques, il n’y a guère plus qu’une poignée de baroudeurs étrangers parmi les voyageurs locaux. Fort de mes deux mois de présence en Indonésie, je distille quelques conseils à un suisse d’abord, puis à un mexicain qui parle très correctement le français ; mais le plus surprenant, c’est son bel accent hispano-québécois.




1 commentaire:

Olivia a dit…

Hier (dimanche) je suis tombée sur un documentaire sur l'indonesie, le journaliste a fait quasiment le meme parcours que toi, du coup j'ai vu sumbawa, komodo, flores et le Timor ! Ça m'a aussi fait un petit retour a nos vacances...
Bisous mon boulé !

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