Il fait encore nuit quand je grimpe dans un minibus bondé. Via
une route en lacet, nous escaladons une grosse arête rocheuse, et sur l’autre
versant, le jour se lève sur une jolie crique en contrebas, où est niché le
modeste port. Après une attente bienvenue pour avaler le petit-déjeuner, nous
embarquons vers 9h pour voguer sur le large détroit de Sapé. Pendant la
traversée, je continue de bavarder de temps à autres avec mon collègue suisse,
j’écris un peu, et surtout j’erre longuement sur le pont à contempler le
spectacle. A mi-chemin, le grand bleu se crible d’îlots minuscules ou de
grandes terres au relief doux et seulement couvertes d’herbe, la sécheresse
étant criante dès lors qu’il n’y a pas de montagne pour arrêter les nuages.
Après 6 ou 7 h, et surtout trois jours de voyage depuis Denpasar, le navire
approche de la mythique Florès, que je
compte explorer pendant une semaine environ. Labuan Bajo est l’un des ports les
plus importants de l’ile, mais il n’est pourtant qu’un gros village. Tout bon
marin rêve de faire escale dans cette somptueuse crique du bout du monde, et d’ailleurs,
outre les classiques chalutiers et caboteurs, mouillent quelques superbes
voiliers de plaisance. A terre, je constate que la demande touristique
explose : la moitié de l’unique rue est occupée par des boutiques de
plongée ou des hôtels, et d’autres sont en cours de construction. Les prix
indiqués par mon programme, qui datent de moins d’un an, ont souvent triplés. J’égrène
donc plusieurs établissements trop onéreux avant de jeter mon sac dans une
chambre sombre et humide. Et sans attendre, je file sur cette plage à l’écart,
repérée depuis le pont du ferry. Après quelques brasses dans l’eau chaude devant
le coucher du soleil, des jeunes gens installés sous un kiosque me souhaitent
la bienvenue en m’offrant 3 ou 4 verres d’un puissant tord-boyaux. Dans
l’obscurité, je retourne en ville d’un pas hésitant, mais d’humeur radieuse.
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