mercredi 10 avril 2013 - 908e jour

Réveillés à l’aube, nous débarquons sur l’île de Komodo toute proche, accueillis par un cerf qui broute sur le rivage. La balade sur cette terre préservée, semblable à Rinca, est superbe. Dans les creux pousse une forêt éparse, tandis que les hauteurs sont couvertes d’une savane herbeuse plantée de grands palmiers rôniers. Alors que, sur le sentier, nous revenons vers le camp des rangers, au détour d’un virage, nous tombons sur un gros dragon prenant l’air sur un promontoire rocheux. Le guide nous explique la vie de ces monstrueux varans cannibales quand soudain, tout le monde recule d’un pas quand la bête fait mine de bouger. Puis à nouveau sur le bateau, nous faisons halte devant la fameuse Pink Beach. De loin, sa couleur ne saute pas aux yeux, mais une fois sur le sable, on constate en effet la présence d’étonnants cristaux rouge vif mélangés au sable blanc. Mais ce sont surtout ses fonds marins qui valent le détour, tapis par un fabuleux jardin aquatique de coraux mous. Le prochain arrêt s’effectue au large : les puissants courants et la profondeur en font le passage obligé des raies mantas. En Inde, j’ai manqué d’apercevoir les tigres du Bengale, mais ici, je ne rate pas ces animaux qui me fascinent depuis toujours. Comme pour nous saluer, une de ces géantes des mers s’élève hors de la surface pour retomber dans une énorme gerbe d’eau. La tête à peine sous la surface, j’en vois une, peut-être 2,50 m d’envergure, semblant planer sous mes pieds. Envoûté, je plonge immédiatement en apnée pour l’accompagner quelques secondes. Je suivrai bien cette créature si gracieuse dans les profondeurs, mais j’ai déjà les poumons en feu, et encore bien 20 m à remonter. Alors que nous dérivons, le bateau nous rattrape plusieurs fois, mais je persiste : en 15 mn, j’ai la chance d’en contempler 4, dont les deux dernières qui glissent juste devant moi. En nageant aussi vite que possible, je parviens à les approcher à moins de 2 m, puis elles s’éloignent en un battement d’ailes. Des dragons et des raies mantas dans la même journée, il serait indécent d’en demander plus ; et pourtant, je ne suis pas encore au bout de mes surprises. Nous effectuons encore plusieurs arrêts dans des endroits aussi merveilleux au-dessus qu’en-dessous de la surface, et pour conclure en beauté, lors de la toute dernière halte, Manu et moi plongeons encore. Je suis fatigué et j’ai le dos brulé, mais je tiens à profiter au maximum de ces fonds marins exceptionnels, parmi les plus beaux de la planète. Passons sur le superbe poisson-scorpion et ses épines empoisonnées ; alors que nous évoluons entre les poteaux d’un ponton au milieu d’une faune très abondante, nous rencontrons une tortue peu farouche. Madame nous laisse longuement danser autour d’elle avant de finalement s’évanouir dans le grand bleu.

 NB : j'ai récupérer la photo des raies sur internet, mais celle avec la tortue a été prise par Manu ; ce drôle de poisson en caleçon rouge, c'est bien moi.