dimanche 18 novembre 2012 - 765e jour

Comme hier, au réveil, je descends acheter du pain. Ce matin, la petite vieille m’invite avec des signes à entrer dans son salon cossu, juste derrière la boutique. Tandis qu’elle sert le thé, son mari, universitaire à la retraite, est heureux de recevoir un étranger et d’exercer son anglais un peu rouillé ; charmant. Peu après, à nouveau juché sur le vélo de Thong, je fonce jusqu’au centre-ville que je préfère explorer à pied. Sur les jardins bordant le lac de l’Epée Restituée, au cœur de la cité, des anciens se dégourdissent en s’adonnant au yoga, les plus jeunes font un footing, d’autres bavardent sur les bancs. Au milieu, via un pont de bois, je me rends sur cet îlot où trône le Temple de la Montagne de Jade. Puis afin de m’imprégner de l’ambiance, je me pose un temps en terrasse en dégustant un délicieux café, l’une des spécialités du pays. Plus à l’Est, je franchis un pont métallique qui enjambe les eaux boueuses de l’immense fleuve Rouge. Fréquemment inondées, ses berges sont inaccessibles. Je reviens donc vers la ville, et après avoir dégusté quelques nems, je m’enfonce dans le quartier des 36 guildes. Ses rues animées et largement arborées sont chacune spécialisées par activité : textile, quincaillerie, chaussures, confiserie… Là encore, il est rare d’observer un bâtiment ancien ; les étroites façades, de facture classique ou moderne, sont toutes récentes. Il en résulte une ville agréable, mais manquant de caractère. Il faut s’engouffrer dans de longs couloirs obscurs pour apercevoir l’envers du décor : autour de cours minuscules, la densité de population est clairement très élevée et les conditions de vie nettement moins reluisantes. En remontant méthodiquement rues après rues vers le Nord, je débouche sur un vaste marché couvert où l’on vend de tout, puis je retrouve un secteur plus banal et plus chic, toujours agrémenté de jolis parcs et dominé par d’imposants centres commerciaux flambant neufs. Je redescends ensuite un grand boulevard longé par de belles villas coloniales peintes en jaune, les plus grandes servant à l’administration. Je ne sais pas à quel point les hauts responsables du Parti suivent les préceptes marxistes, mais ils roulent dans de grosses berlines allemandes. De nuit, après un détour involontaire, me voilà de retour chez Thong. Dans la soirée, il me propose d’aller dans une de ces salles de jeux vidéo. Nous avons parfois du mal à nous comprendre, mais le football est un langage universel, et manette à la main, mon ami s’exprime fort bien. Après plusieurs parties serrées, je finis par accepter la défaite.










 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire