lundi 12 novembre 2012 - 759e jour


Au réveil, je mets longtemps à émerger, tant mes courbatures me font mal. Sans laisser dépasser un orteil de la couverture, je procède à de longs étirements en observant le Tibet par la fenêtre. Je me traine ensuite sur la terrasse où j’étudie un moment ; je constate que les proches sommets sont dans les nuages et les montagnes verdoyantes, derrière, sont saupoudrées de neiges. J’ai eu de la chance hier, les gens qui sont là-haut ce matin ne voient rien du tout. A nouveau, j’emprunte une chambre équipée d’eau chaude, puis, après déjeuner, je pars pour un léger décrassage dans le village. Evidemment, hors de la route, les chemins sont des escaliers ; une torture pour mes pauvres jambes. Les gens d’ici vivent quand même dans des conditions précaires : déjà, je frissonne quand je les vois se laver dehors, à l’eau glaciale, mais de plus, rien sur les toits ne ressemble à une cheminée. Je crois qu’ils n’ont plus le droit d’utiliser du bois de chauffage, ils en ont trop coupé ; l’hiver doit être bien rude. Puisque le petit musée est fermé, je continue à descendre dans les champs à étage. De la même manière depuis des siècles, les paysans labourent la terre avec une charrue à bœufs. Les parcelles sont minuscules et pour passer de l’une à l’autre, il faut grimper des talus de 2 m. Là encore, il faut être robuste. Je ferais mieux de remonter, mais c’est maintenant le ravin, là-bas, qui m’appelle. Je veux juste voir le cours d’eau en contrebas. Quand j’y arrive, je ne me pas m’empêcher de pousser encore jusqu’à ce gros rocher singulier, qui se détache de la paroi. Le seul moyen pour l’atteindre n’est rien d’autre que de l’escalade, à la verticale pendant quelques mètres ; le moindre faux-pas est interdit. Avec moult précautions, j’atteins en rampant le bout de la corniche, puis je m’y assoie, pétrifié par le vide. Me voilà suspendu au beau milieu de cette vallée gigantesque, aussi large que profonde ; la sensation est étourdissante. Je prends le temps d’examiner les détails, les courbes des champs, les hameaux, la lignes des crêtes et la rivière, peut-être 1000 m sous mes pieds. Je regarde aussi cette grande cascade, là-bas, minuscule vue d’ici. Après un long moment de béatitude, je m’extirpe de mon incroyable promontoire, autant ému qu’effrayé. La remontée de plus d’une heure m’est très pénible, quoiqu’atténuée quand je rattrape un vieux, le visage buriné, qui grimpe difficilement un gros fagot sur son dos. De retour dans le bourg, je réserve mon bus pour demain, puis je passe au cyber-café pour publier mon journal ; taper avec des gants, on a vu plus commode. C’en est assez, je rejoins l’hôtel pour ne plus en bouger.
 



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