mercredi 14 novembre 2012 - 761e jour

Réveillé dès 5h30, il me faut un bon moment pour rejoindre l’aéroport, à pied et en bus. Ne pas prendre de taxi pour économiser un euro, alors que j’en dépense 150 aujourd’hui, ça peut sembler ridicule. Soit, mais 1 euro x 1000 jours, au final, c’est une somme. Surtout, je tiens à ne pas tomber dans la facilité, et continuer à expérimenter la vie des gens. Et les transports en commun, c’est une très bonne manière de comprendre l’organisation autochtone. D’ailleurs, dans le hall des vols domestiques, celle-ci est calamiteuse. Finalement, les passagers sont invités à embarquer avec deux heures de retard, pour un vol d’une heure seulement. Mais ça en valait la peine : nous côtoyons la magistrale chaîne himalayenne de près, en observant par le hublot des dizaines de pics : 6000, 7000, et même 8000 m de haut. Et puis après un trop court moment, un massif encore plus haut se détache. Derrière une barre rocheuse titanesque dépasse une pyramide colossale, le toit du monde, culminant à 8848m au-dessus de la mer ; 9 km, l’altitude de croisière des avions de lignes : pour un peu, il émergerait dans l’espace. Inconnu des népalais à l’époque car bien trop haut et bien trop loin dans les montagnes, il fut baptisé Everest par le premier scientifique, un anglais, qui l’identifia de loin au milieu du 19e siècle. Pourtant, de l’autre côté, les tibétains le connaissent depuis toujours. Son nom véritable est donc Qomolangma, la déesse des vents. Pour ceux qui, comme moi, serait intéressé par son ascension, il faut savoir que, outre les risques non-négligeables d’y rester pour toujours, elle nécessite deux mois d’acclimatation et d’escalade, dont les derniers jours dans des conditions inhumaines. Et puisqu’il faut tout monter à dos d’homme, nourriture, équipement, bouteilles d’oxygène, les postulants doivent s’acquitter d’une somme rondelette, la même dont j’ai besoin pour faire le tour du monde dans son intégralité. Cette vision est donc la merveilleuse conclusion de mes aventures népalaises. De retour à 11h chez Max qui dort encore, devinant ses difficultés financières, je lui propose de l’inviter à déjeuner. D’ailleurs, dans une échoppe de quartier, il me fait des aveux touchants. Ni lui ni sa femme n’ont voulu ce mariage : pourtant, il doit l’accepter et prend conscience de la nécessité de faire des concessions. Sa femme mérite mieux, il va changer, pour elle, et pour lui-même. Dès son retour, la semaine prochaine, il va s’investir pour trouver un emploi ou mieux, lancer sa propre affaire. Evidemment, je l’encourage de mon mieux : nous sommes tous le pilote de notre propre vie. Nous avons enfin une discussion spirituelle, et je l’appelle désormais de son véritable nom, Tejendra. Plus tard, je travaille longuement sur internet. Mes soucis logistiques se démêlent, j’obtiens la fameuse lettre nécessaire au visa vietnamien au dernier moment. Demain, je décolle vers de nouveaux horizons.

 

1 commentaire:

Cara a dit…

Superbe et impressionnant... quelles montagnes !

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