Réveillé dès 5h30, il me faut
un bon moment pour rejoindre l’aéroport, à pied et en bus. Ne pas prendre de
taxi pour économiser un euro, alors que j’en dépense 150 aujourd’hui, ça peut
sembler ridicule. Soit, mais 1 euro x 1000 jours, au final, c’est une somme. Surtout,
je tiens à ne pas tomber dans la facilité, et continuer à expérimenter la vie
des gens. Et les transports en commun, c’est une très bonne manière de
comprendre l’organisation autochtone. D’ailleurs, dans le hall des vols
domestiques, celle-ci est calamiteuse. Finalement, les passagers sont invités à
embarquer avec deux heures de retard, pour un vol d’une heure seulement. Mais
ça en valait la peine : nous côtoyons la magistrale chaîne himalayenne de
près, en observant par le hublot des dizaines de pics : 6000, 7000, et
même 8000 m de haut. Et puis après un trop court moment, un massif encore plus
haut se détache. Derrière une barre rocheuse titanesque dépasse une pyramide
colossale, le toit du monde, culminant à 8848m au-dessus de la mer ; 9 km,
l’altitude de croisière des avions de lignes : pour un peu, il émergerait
dans l’espace. Inconnu des népalais à l’époque car bien trop haut et bien trop
loin dans les montagnes, il fut baptisé Everest par le premier scientifique, un
anglais, qui l’identifia de loin au milieu du 19e siècle. Pourtant,
de l’autre côté, les tibétains le connaissent depuis toujours. Son nom
véritable est donc Qomolangma, la déesse des vents. Pour ceux qui, comme moi,
serait intéressé par son ascension, il faut savoir que, outre les risques
non-négligeables d’y rester pour toujours, elle nécessite deux mois
d’acclimatation et d’escalade, dont les derniers jours dans des conditions inhumaines.
Et puisqu’il faut tout monter à dos d’homme, nourriture, équipement, bouteilles
d’oxygène, les postulants doivent s’acquitter d’une somme rondelette, la même
dont j’ai besoin pour faire le tour du monde dans son intégralité. Cette vision
est donc la merveilleuse conclusion de mes aventures népalaises. De retour à
11h chez Max qui dort encore, devinant ses difficultés financières, je lui
propose de l’inviter à déjeuner. D’ailleurs, dans une échoppe de quartier, il
me fait des aveux touchants. Ni lui ni sa femme n’ont voulu ce mariage :
pourtant, il doit l’accepter et prend conscience de la nécessité de faire des
concessions. Sa femme mérite mieux, il va changer, pour elle, et pour lui-même.
Dès son retour, la semaine prochaine, il va s’investir pour trouver un emploi
ou mieux, lancer sa propre affaire. Evidemment, je l’encourage de mon
mieux : nous sommes tous le pilote de notre propre vie. Nous avons enfin
une discussion spirituelle, et je l’appelle désormais de son véritable nom,
Tejendra. Plus tard, je travaille longuement sur internet. Mes soucis
logistiques se démêlent, j’obtiens la fameuse lettre nécessaire au visa
vietnamien au dernier moment. Demain, je décolle vers de nouveaux horizons.
1 commentaire:
Superbe et impressionnant... quelles montagnes !
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