dimanche 16 décembre 2012 - 793e jour

De bon matin, attablé devant ce carrefour pittoresque, le boulanger en tournée me fait le plaisir d’arrêter sa moto devant moi : je complète donc mon café avec un morceau de pain frais. Désormais, les éléphants servent principalement à promener les rares visiteurs. C’est donc balancé sur le dos de l’un d’entre eux que je passe la matinée : nous traversons une belle forêt très tentante et je repère quelques sentiers pour ma randonnée de cette après-midi. Je descends de la bête au sommet d’une petite montagne de roche noire pour examiner les ruines d’un temple mystérieux : des tourelles de pierres en forme de champignons entourent un sanctuaire, qui n'est plus qu’un tas de cailloux couvert de broussailles. En revenant, le cornac me laisse monter sur la tête du pachyderme que j’essaie de diriger avec des petits coups de pied derrière les oreilles. Après déjeuner, un petit groupe m’invite à les rejoindre à la buvette d’à côté ; je viens de manger mais je ne refuse pas de partager avec eux un tilapia, qu’on roule avec quelques nouilles dans des feuilles parfumés. Je suis content de pouvoir discuter avec ce jeune homme qui parle anglais, ainsi que d’en affronter un autre plus âgé pour une partie de boules. L’homme est un artiste et me mets deux bonnes raclées : après le digestif, deux godets de lao-lao, je dois en plus enquiller deux bières, le prix de ma défaite. Mais j’ai assez bu, la forêt m’appelle. Baskets au pied, Je retourne vers le relief de ce matin, puis je bats la campagne en alternant des pistes dans les bois et les chemins surélevés des rizières. Mais je ne peux pas m’empêcher de m’enfoncer dans l’épaisse végétation, empruntant des sentiers toujours plus étroits ou les lits de torrents à sec. Après deux ou trois heures, je débouche au sommet d’un promontoire rocheux, entouré de grandes plantes curieuses. Devant la canopée luxuriante, j’évalue ma position puis je plonge à nouveau dans la jungle. Plus tard encore je retrouve le plateau et le temple qui domine le village et les marais au loin. Cette fois mon sens de l’orientation à parfaitement fonctionné : je rentre au crépuscule à travers champs : sur la piste, une bande de gamins me tend une embuscade, mais je mitraille les prends à revers par le fossé et je les mitraille copieusement avant de m’enfuir en courant, poursuivi par les survivants. Plus tard, Nho, le gentil garçon rencontré ce midi vient me chercher en moto. Nous rejoignons quelques amis dans un improbable karaoké. Au milieu de nulle part, une cabane sert à boire devant des vidéos de pop thaïe. Je ne vais pas jusqu’à chanter, mais je profite du talent relatif de mes camarades, tandis que les heures et les bières défilent. L’expérience m’amuse jusqu'à une heure avancée, et puis je finis par m’assoupir sur ma chaise.





1 commentaire:

brice a dit…

ha! bravo! une taule a la petanque pour un francais, c est un scandale. plus une cuite au bar, bonjour la reputation de la jeunesse francaise...

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