samedi 8 décembre 2012 - 785e jour

Dans le dortoir, je suis le premier à ouvrir les yeux : 5 mn après, à travers les grandes baies vitrées, j’ai le privilège de voir le lever du soleil depuis mon lit. Je quitte la pièce en silence avant de me diriger vers le centre, et devant un café, j’attends l’ouverture de l’humble office du tourisme. Depuis mon arrivée au Laos, je circule de ville en ville, et je suis impatient de découvrir la nature sauvage de la province de Khammouane. Mais un seul jour, c’est trop court pour aller dans le parc national, difficile d’accès, et on m’annonce des tarifs trop onéreux pour des treks à la journée. Qu’à cela ne tienne, je me débrouillerai seul. Après un bon moment pour trouver un vélo convenable, me voilà fin prêt. Je m’échauffe les mollets en filant jusqu’à un temple important, à 8 km au Sud. Je pose ma monture et saisie mon appareil photo… qui n’est plus là ; je me demande encore comment le mousqueton a pu se décrocher du cadre. En grognant les pires insanités, je retourne lentement sur mes pas en scrutant les bas-côtés, mais rien n’y fait : la malédiction continue, j’ai bel et bien perdu mon 4e appareil. Néanmoins, cette fois-ci, j’ai été plus prévoyant en sauvegardant mes belles images. Et j’en marchande un 5e dans la foulée, de piètre qualité. Pédaler à l’avantage de me calmer les nerfs : je fonce maintenant vers l’Est et la chaîne Annamite. A cette époque, il ne pleut plus beaucoup, les tiges de riz sont sèches, on dirait presque la savane ; au fond, une chaine de montagnes escarpés barre l’horizon. Je bifurque alors sur une piste de terre longeant une rivière. Je fais une courte pause devant un bassin turquoise encadré de hautes falaises, puis je repars au hasard des sentiers, qui me conduisent jusqu’à de larges champs dominés par une énorme barre rocheuse. Je m’enfonce dans la forêt, qui s’épaissit à mesure que le passage se rétrécit ; j’évolue maintenant sur des pierres, du sable ou des racines pour une session de cross divertissante. Je me faufile comme ça à travers les branchages jusqu’à ce que le cours d’eau me barre le chemin ; il est temps de faire demi-tour. Sur la grande route, je m’arrête devant un panneau indiquant une grotte. Je pose mon vélo devant une petite bicoque et je demande à un gamin de m’emmener sur place. Un peu plus loin, un ruisseau surgit d’un trou béant dans la roche. Le jeune garçon et moi escaladons les rochers jusqu’à l’intérieur : en nous amusant de l’écho, nous communiquons en sifflant. Le jour décline déjà et la route du retour, marquée par un faux-plat que je n’avais pas remarqué, est bien longue. Au crépuscule, je reprends mon souffle en buvant un verre devant le Mékong, une bonne habitude.



 

2 commentaires:

brice a dit…

la malediction de l etourdi maladroit, ca fait trente ans que tu la trimbales...
ca fait appareil photos depuis que tu es parti, mais combien depuis que tu en possedes?
c est quoi l apero du mekong?

Jérome a dit…

la beerlao bien sur ! Etonnament l'une des meilleures biers au monde.
Avec éventuellement un peu d'herbe, on est au top...

Enregistrer un commentaire