mercredi 26 décembre 2012 - 803e jour

Aujourd’hui, Bunnwath, qui multiplie les activités, est désolé de ne pas être disponible. C’est donc seul que je retourne à cette cantine de trottoir où les gens se dépêchent d’avaler une soupe. En général, je veux bien faire des expériences culinaires, mais le matin, une baguette et un café me comblent. A deux pas, je me rends au Palais mais celui-ci est fermé pour cause de deuil national. Norodom Sihanouk, le père de la nation qui fut successivement roi soutenu par les colons, acteur central de l’indépendance, premier ministre, président, puis roi encore, est décédé il y a deux mois. Devant le palais, certains le pleurent en faisant brûler de l’encens, et ses portraits grand format fleurissent un peu partout. Cependant, quelques annexes restent accessibles, dont la superbe Pagode d’Argent, du milieu du 19e, qui abrite quelques trésors nationaux : des bouddhas en or et pierres précieuses, et la statue centrale, grandeur nature, en cristal de baccarat. En suivant, je me dirige vers le magnifique musée national, logé dans une vaste bâtisse rouge, dans le plus pur style khmer. Les galeries, ouvertes sur un jardin luxuriant, présentent d’impressionnantes collections ; les plus belles, évidement, proviennent du légendaire royaume médiéval. Je me rapproche d’Angkor. Dans le centre, je me délecte de la spécialité locale, l’amok, du poisson cuit dans du lait de coco avec des feuilles de citron, et puis je flâne dans les rues. Propres et nets, bordés d’immeubles récents, elles manquent à mon avis de caractère. Un peu plus loin, il reste tout de même de vieux immeubles en béton brut, noircis par la moisissure. Le linge qui pend sur les balcons égaillent un peu l’ensemble. Puis en retournant vers la pagode, je passe sur cette longue avenue, très large ; par ici, entre deux immeubles contemporains, des privilégiés ont fait bâtir d’énormes villas ostentatoires. Le trafic s’accentue en cette fin d’après-midi, mais l’atmosphère reste détendue, surtout sur ces grandes esplanades, où les jeunes se baladent en faisant les beaux, les vieux en faisant de l’exercice, les autres en bavardant sous un arbre ou en jouant au badminton ou au foot. Le soir, Bunnwath étant en cours, je m’installe sur une table devant la maison pour travailler, mais ses occupants, bonzes ou étudiants, viennent tour à tour faire connaissance avec autant de déférence que de timidité. Patiemment, je m’applique à leur rendre la politesse. Après leur prière quotidienne, qui consiste à chanter sur un ton monocorde pendant une demi-heure, nous dinons tous ensemble, puis nous allons nous coucher de bonne heure ; un jeune bonze récupère mon lit, je me retrouve donc dans un nouveau dortoir, avec de nouveaux camarades.




 

1 commentaire:

brice a dit…

tu t es fait voler ton lit par un bonze?

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