samedi 1er décembre - 778e jour

Comme je souhaite voir l’aumône des bonzes, Sandrine et moi nous réveillons dès l’aube. Mais nous arrivons un peu trop tard, apercevant la procession de toges orange s’éloigner au bout de l’avenue ; pas grave, nous reviendrons demain. Nous nous installons donc à une terrasse pour le petit-déjeuner, café et baguette, en contemplant le lever du soleil sur le fleuve brunâtre ; elle comprend vite que mon attention n’est pas des meilleures de si bon matin. A l’aide de son guide, j’élabore un programme alléchant. La petite cité, quelques dizaines de milliers d’habitants seulement, devient dès le 14e siècle la capitale du Lan Xang, le royaume au million d’éléphants. Après des siècles d’histoire mouvementée, elle perdit son titre peu après la guerre du Viêt Nam, en 1975, au profit de Vientiane, siège du nouveau gouvernement communiste. Logiquement, notre première visite a lieu à Ho Kham, l’ancien palais royal aujourd’hui musée. Bâti début 20e, il comporte deux ou trois salles de réception fastueuses, aux mosaïques de verre évoquant des batailles au sabre, ou colorées de scènes de village et de jungle, mais les appartements de Sa Majesté sont à l’échelle du pays, plutôt modestes. On examine entre autres le trône et la couronne, et on note surtout la prépondérance du bouddhisme, toujours d’actualité, via d’innombrables statuettes. D’ailleurs, dans le parc, le superbe temple Ho Pha Bang, à l’impressionnant toit de tuile et aux façades d’or et de mosaïque verte, scintille de mille feux. A l’intérieur, tout aussi richement décoré, on n’a pas non plus lésiné sur la peinture dorée couvrant les boiseries sculptées. En suivant, nous grimpons au sommet de la colline Phu Si qui offre une large vue panoramique. On y découvre encore deux ou trois temples assez simples, dont les ruines de l’un d’entre eux datent de 1395. Sur la centaine de temples, nous en visitons encore quelques-uns plus beaux les uns que les autres. La plupart sont dans un excellent état, entretenus par les moines eux-mêmes, qui habitent les monastères adjacents. Ils sont tous différents mais néanmoins comparables. Les naga, serpents protecteurs à sept têtes, se dressent en bas des escaliers. Dedans, les murs et les piliers sont intégralement peints, notamment par des tableaux retraçant la vie de Bouddha. Au fond, demeure invariablement une grande statue du Seigneur ; dorée bien sûr. Vers midi, sur la terrasse d’un restaurant, je goûte un savoureux poisson du fleuve. Tout en consultant internet, j’écoute d’une oreille distraite les futilités de ma camarade. Puis en début d’après-midi, le ciel se dégage et la chaleur monte : je me réfugie alors sous le ventilateur de la chambre où je me permets une sieste réparatrice. A mon réveil, je profite de l’absence de Sandrine pour m’échapper. Une averse a rendu les rues désertes : enfin seul, je me pose à l’abri au bord du fleuve. J’y écris en paix jusqu’au crépuscule, au son de la pluie et des grenouilles.




 

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