mardi 18 decembre 2012 - 795e jour

Je profite de cette belle matinée pour vagabonder sur mon île. Le village touristique sur la pointe Nord est minuscule, une rangée de bungalows à l’ombre des cocotiers occupant les berges. Je préfère descendre par les terres, où quelques fermes sont disséminées dans les rizières. Je longe alors la côte Ouest quasiment déserte en m’infiltrant dans les multiples bras du fleuve, plus ou moins à sec en cette saison. Puis pieds nus sur les sentiers, j’arrive à l’extrémité Sud : en négociant pour ne pas m’acquitter du péage, je franchis alors le vieux pont des français qui rejoint Don Khon, une autre île à peine plus grande. Autour d’une locomotive rouillée, des panneaux expliquent que les colons, désirant utiliser le fleuve pour rallier la Chine, mirent en place un système de ports et de voies ferrées afin de contourner l’obstacle des chutes infranchissables. Poussée par la faim, j’accélère sur une large piste pierreuse jusqu’au bout de l’archipel, le Mékong se resserrant à cet endroit pour déboucher dans une large et profonde étendue d’eau. C’est également ici que s’interrompt le territoire laotien, la rive d’en face étant cambodgienne. Devant une assiette de riz, je contemple le spectacle enchanteur un bon moment, avant de reprendre ma ballade, vers le Nord désormais, en évitant cette fois les chemins balisés. Sous leur maison, une joyeuse famille de paysans m’offre d’abord le digestif, l’inévitable alcool de riz, puis je m’enfonce dans une jolie forêt dense avant de retrouver la piste sous la canicule. L’après-midi est déjà bien avancée quand je bifurque vers l’Ouest. J’évite un nouveau pont à péage en traversant en caleçon des eaux peu profondes légèrement en amont, pour atteindre les chutes de Li Phi : sur toute sa largeur, le Mékong dégringole le relief à chaque bras de rivière, mais celles-ci sont particulièrement impressionnantes. Leur hauteur est relativement faible, 15 ou 20 m, mais elles s’étalent sur des centaines de mètres, des trombes d’eau s’écoulant entre des roches acérées en plusieurs points. Là, en sirotant une noix de coco, je rencontre Vincent, un baroudeur français : le garçon, qui vient de débuter un périple d’une année en Asie, me ressemble. Fatigué par six bonnes heures de marche, c’est sur le porte-bagage de sa bicyclette que je retourne vers Hua Det. Nous échangeons nos motivations et nos anecdotes devant un délicieux space shake aux fines herbes bien dosées. Le diner est ponctué d’éclats de rires, et quand mon camarade me quitte, je prolonge la nuit en méditant sous la voie lactée, dans le hamac où je finis par m’endormir.

 


 

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