samedi 15 décembre 2012 - 792e jour

Encouragé par mon expérience du plateau des Boloven, où le stop a très bien fonctionné, je choisi de récidiver ce matin : cela présente l’avantage de m’économiser quelques billets, et de casser la routine du bus, et surtout de me rapprocher des gens. Une fois traversé le fleuve sur le ferry local, deux simples pirogues liées par des planches, j’atteints la nationale 13 à l’arrière d’une moto. Je fais signe à tous les véhicules pour me retrouver dans la remorque d’un camion de maçons, au milieu des sacs de ciment avec trois ouvriers. Je guette attentivement les panneaux et à hauteur d’une piste poussiéreuse, 50 km plus au Sud, j’arrête le chauffeur qui obtient rémunération. Je marche un moment vers l’Est, puis je grimpe à l’arrière de la camionnette d’un maraîcher : bien secoué parmi les légumes, j’entre dans le vaste parc naturel de Xe Pian sans même m’acquitter des droits d’entrée, puis je me fais déposer à destination, le village de Khiat Ngong. La région a deux intérêts : sa nature préservée d’abord, composée de forêts et de marécages ; ses habitants ensuite, un millier de paysans perpétuant des coutumes ancestrales, répartis dans plusieurs villages minuscules. Le mien est le moins petit du coin, deux ou trois cent personnes logeant dans une trentaine de maisons en bois sur pilotis ; certaines sont très modestes, tandis que pour d’autres, un peu plus évoluées, on a muré le rez-de-chaussée, entre les poteaux, pour aménager la pièce à vivre. Les foyers reçoivent l’électricité et  la télé thaïe ; il y a même une boutique de vêtement, une buvette et deux ou trois épiceries. C’est dans l’une d’elle que je pose mon sac : en effet, puisque je n’ai trouvé personne pour m’accueillir au Laos, pas même à Vientiane, j’ai voulu loger chez l’habitant. L’accueillante patronne, environ trente ans, me montre la chambre à l’étage. Le mobilier est dépouillé, un simple matelas sur le sol, une moustiquaire et un ventilateur ; tout ce dont j’ai besoin. Sur une table devant la maison, elle m’apporte ensuite une omelette et l’inévitable riz collant dans son panier en osier. Par gestes, la communication est réduite au minimum, mais je sympathise aisément avec la petite fille de la famille, une farceuse de deux ans à peine. Le mari et ses collègues, qui reviennent des champs, jouent à la pétanque sur le chemin, les écoliers en uniforme rentrent chez eux, de jeunes enfants gambadent à moitié nus, et des vieux enveloppés dans un sarong bavardent tranquillement à l’ombre. L’ambiance est joyeusement champêtre, encore plus quand passent deux éléphants : rien de plus normal, les gens d’ici les apprivoisent et les utilisent comme bêtes de somme depuis des lustres, même si la tradition se perd. Pour compléter le tableau, je me promène ensuite dans les environs. La mousson est passée, le niveau des marécages est donc bas, dissimulé par les herbes. Je m’enfonce d’ailleurs régulièrement dans la boue jusqu’à mi-mollet pour rejoindre des petits sous-bois au sec. J’aperçois moult oiseaux, papillons et libellules colorés, ainsi que les animaux domestiques, vaches ou buffles, et donc les pachydermes qui se rafraîchissent dans les marais. Après la douche au seau dans les latrines carrelées, la maman me sert le diner dès 17h30, puis vite chassé par les moustiques, je me réfugie très tôt dans ma chambre.





1 commentaire:

brice a dit…

immersion en foret, village champetre et dans les marais. ce qui est etonnant, c est que tu te debrouilles tres bien sans parler la langue du coin, perdu au fond de la campagne...je connais un paquet de mpays ou tu te serais fait depouiller.

Enregistrer un commentaire