jeudi 20 décembre 2012 - 797e jour


Avant-hier, j’ai arpenté les îles à pied, mais pour être complet, il me reste à explorer leur négatif, à savoir les innombrables bras du Mékong : hier, j’ai donc réservé une journée complète en canoë. Dès 8h, on nous offre le petit-déjeuner à moi et mes compagnons du jour : un polonais, un hollandais et deux danois. Avec le guide local, l’équipe est au complet ; le polonais m’accompagne. Depuis la plage, nous descendons d’abord des eaux relativement calmes, mais dès les premiers rapides, notre embarcation se retourne. L’incident est sans gravité puisque les sacs étanches le sont vraiment, et les suivants repêchent même mes vieilles sandales. Pendant des heures nous pagayons vaillamment au milieu d’un superbe décor : bancs de sable, plantes aquatiques, îles à la végétation luxuriante. Nous débarquons alors sur un îlot minuscule : les pêcheurs ont fabriqué d’ingénieuses passerelles en bambous qui se relèvent comme des tremplins. Quand les eaux sont fortes, les poissons s’y engouffrent et se retrouvent en haut à sécher au soleil. A proximité, nous franchissons un puissant torrent sur un pont suspendu, puis nous retrouvons nos embarcations en aval. En fin de matinée, nous débouchons dans ce très vaste bassin, à l’extrémité Sud de l’archipel. C’est ici que vivent les derniers dauphins d’eau douce Irrawaddy, une centaine tout au plus, qui se différencient de leurs cousins des mers par leur gros nez court. En nous laissant dériver, nous avons la chance d’en voir quelques-uns montrer le bout de leur nageoire. Pour déjeuner, nous débarquons sur la rive opposée, entrant par la même officieusement au Cambodge. Mes camarades sont curieux de mes aventures, mais je préfère aller taquiner les enfants. Nous ramons encore un moment avant de charger nos canoës sur la remorque d’une camionnette, qui nous dépose à quelques kilomètres devant les chutes Khon Phapheng, rien de moins que les plus puissantes d’Asie du Sud-Est : un débit colossal dévale la roche dans un bruit de tonnerre. D’où l’utilité du guide : mieux vaut ne pas arriver dans les parages dans nos pauvres coquilles de noix. Nous remontons ensuite le cours du fleuve dans le camion pour un dernier tour de rames : mon polonais et moi doublons triomphalement les vikings à l’amorce de la dernière ligne droite, mais le hollandais et le guide, qui utilisent judicieusement les courants, nous dépassent sur le fil. Pour soulager mes épaules endolories, je m’octroie à nouveau un savoureux space shake dans un joli bar reggae. Aux échecs, le patron me met deux bonnes raclées en éclatant de rire à chaque coup gagnant ; le breuvage est efficace, je ne lui en veux même pas.




 

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