mardi 25 décembre 2012 - 802e jour


Ce noël est certainement le plus triste que j’ai vécu : parce que je ne suis pas parmi les miens d’abord, à cause du thème de la journée surtout. Dès le réveil, Bunnwath me propose de m’emmener aux champs de la mort. En 1975, lorsque le Viet Cong prend Saïgon, les américains perdent leur guerre du Viêt-Nam. Après neuf ans, le conflit s’était largement étendu aux pays voisins ; au Cambodge, les rebelles communistes en profitent pour s’emparer du pouvoir. Immédiatement, les khmers rouges abolissent l’école, l’église, la monnaie, la propriété privée. Voulant établir une société exclusivement rurale, ils vident toutes les villes de leurs habitants. Au mieux, les gens sont séparés de leur famille et envoyés dans les campagnes pour travailler dans des conditions proches de l’esclavage ; sinon, ils sont exterminés. Pendant les quatre années du règne de Pol Pot, on estime que près de deux millions de personnes sont mortes, soit un tiers de la population. 30 ans plus tard, la société cambodgienne reste profondément marquée par le génocide. Choeung Ek, un charnier parmi tant d’autres à une quinzaine de kilomètres de Phnom Penh, a été aménagé en mémorial. Bunnwath m’attend dehors ; le casque sur les oreilles, j’écoute l’audio-guide raconter les atrocités qui se déroulaient ici. Les témoignages de survivants sont boulversants ; et je ne préfère pas écrire comment on tuait les bébés. Dans une tour lugubre d’une vingtaine de mètres, 8000 crânes sont soigneusement répertoriés. Choqué, je n’ai rien à dire en sortant de là, et mon ami persiste en m’amenant au musée Tuol Sleng. Dans la capitale devenue une ville-fantôme, on avait transformé un lycée en prison. Dans certains bâtiments laissés en l’état, on peut observer les cellules sordides et les instruments de torture ; dans d’autres, puisque les khmers rouges tenaient des archives précises, on a disposé les portraits ahuris de milliers de victimes. La cruauté des hommes n’a pas de limites. J’invite ensuite mon ami au restaurant et je l’interroge. Ses parents furent envoyé dans les camps, sans nouvelle l’un de l’autre pendant quatre ans. Quand ils se retrouvèrent, ils avaient tout perdu. Son père, ancien professeur, devint réparateur de montres. Il m’explique qu’ensuite, les vietnamiens, inquiets du chaos engendré par les khmers rouges, envahissent le territoire et l’occupent pendant dix ans. Des guérillas de résistance font encore de nombreuses victimes, sans parler de la famine. Après l’intervention des Nations Unies, le calme n’est rétabli qu’au milieu des années 90. Tout est à reconstruire. Ce garçon qui me raconte son histoire, et à travers elle, celle de ses compatriotes, est le parfait symbole d’une jeune nation pleine d’espoir, résolument portée vers un avenir prospère et pacifique.
 
 

2 commentaires:

LE JURA a dit…

Bonjour mon neveu globe trotter , nous avons bien pensé à toi pour Noel , Continue ta route et porte toi le mieux possible .Nous sommes de tout coeur avec toi et nous t'aimons très fort .Tata du jura et les siens.

brice a dit…

soyons positif. apres une periode de pres de 40 ans de guerres et de massacres, c est forcement un peuple qui aspire a la paix.

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