mercredi 12 décembre 2012 - 789e jour


Hier, j’ai dû marcher 9 ou 10 h, alors ce matin, j’ai du mal à sortir du lit. En clopinant comme un grand-père, je retourne sur cette petite table devant la cascade, un bureau idéal. Soudain, je reçois la visite inattendue de deux jeunes bonzes, dix ou douze ans. L’un des deux, perspicace, multiplie les questions avec un anglais convenable, tandis que l’autre se contente de sourire. Nous bavardons ainsi près d’une heure. Après déjeuner, je pars pour un petit décrassage en amont de la rivière. Je gazouille d’abord dans la forêt, en examinant de près de drôles d’insectes ou de jolies fleurs, puis je m’arrête juste au pied de nouvelles chutes puissantes. Plus haut encore, j’entre dans un petit village, mais ici, c’est une évidence, les étrangers sont monnaie courante. Je n’effraie plus personne, au contraire : les enfants me tournent autour en quémandant un bonbon ou une pièce, et les adultes vident mon paquet de cigarettes en cinq minutes. La dernière, je l’échange contre celle énorme d’une vieille édentée, du tabac brut roulé dans une feuille encore verte. Et puis l’original du patelin, de grosses lunettes de soleil sur le nez et vêtu d’un pantalon et d’une veste en jean alors qu’il fait 30 degrés, m’invite à monter chez lui. Evidemment, je ne comprends rien, mais je réponds à ses longues tirades en souriant et en hochant la tête. La case en bois est assez grande, mais meublée avec une grande simplicité : deux ou trois armoires bancales, des rideaux en guise de cloisons pour les chambres, et un vieux frigo rouge. Il chasse les enfants afin que nous nous installions à leur place, sur une natte devant les chaînes de télé thaïlandaises. J’accepte avec plaisir un verre de lao-lao, ce puissant alcool de riz, tout en comprenant que mon hôte n’en est pas à son premier. Il m’amuse en gigotant devant les clips de variété mielleuse ou mieux, en s’adressant directement au présentateur. Je lui fais alors comprendre que je dois partir, mais il me retient d’abord avec insistance, avant de me suivre dehors. Comme je ne tiens pas à rentrer avec ce drôle de type, poliment mais fermement, je finis par lui montrer mon chemin, puis le sien, à l’opposé. Plus tard, installé à une terrasse, je sers d’interprète, par e-mails interposés, entre un instituteur et une organisation humanitaire. Enfin, déjà sur le départ, je dine une dernière fois le poulet grillé de cette maman à la bonne humeur inébranlable.



1 commentaire:

brice a dit…

pas besoin d interprete pour le poulet, viande universelle.

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