dimanche 13 janvier 2013 - 821e jour



Comme chaque matin, Ann frappe à ma porte : il s’amuse de constater que j’ai dormi seul, mais la blague me fait moyennement rire. Je me suis encore couché très tard, et je me lève encore trop tôt. La fatigue s’accumule, et même si, devant mon écran, j’enchaine les cafés, j’ai encore bien du mal à être efficace ; tant pis, j’abandonne et je décolle. Pour mon dernier jour à Bangkok, j’ai prévu d’aller voir un des derniers marchés flottants et celui gigantesque de Chatuchak, où je dois retrouver Ann et sa sœur. Mon premier objectif se situe à l’extrémité Ouest de l’agglomération, la partie la plus ancienne de Bangkok, où ni le métro ou ni le skytrain ne vont. Ainsi, je m’aperçois de leurs avantages, car le bus que j’emprunte n’évite pas les embouteillages. Même de ce côté, la capitale évolue très vite : soit, la majorité des immeubles sont vieux et crasseux, mais j’y voie aussi des avenues surplombées d’autoroutes et des centre commerciaux flambant neufs. Après 1h30 dans la circulation, ayant repérer un panneau, je descends dans la foule ; mais les thaïs ne sont spécialement serviables, et surtout ils sont peu nombreux à parler anglais. Comme je ne trouve pas ce fichu marché dans cette pagaille, je finis par arrêter un taxi qui m’y dépose. Là aussi, les temps changent : un pont massif de la voie ferrée passe au-dessus du canal, au milieu duquel on a installé une longue passerelle métallique. Quelques barques y sont bien accostées, mais ça n’est vraiment pas l’endroit folklorique que j’attendais. D’ailleurs, étant donné l’âge des marchandes, on devine que cette tradition touche à sa fin. Contrarié d’avoir fait tout ce chemin pour si peu, je longe le rail un bon moment pour atteindre la gare, mais je dois ensuite attendre le train pour rejoindre le marché de Chatuchak, censé être le plus grand au monde ; là-bas, c’est sûr, je vais en prendre plein la vue. Cependant, dans le wagon, j’ai beau lutter, je m’assoupis. Et je ne me réveille qu’au terminus, la gare de Hua Lomphong que je connais bien, non loin de mon quartier. Il fait déjà nuit et il est hors de question de traverser à nouveau cette ville de fous : je dine un bon petit plat et je rentre. J’ai perdu ma journée en beauté, mais j’ai trop tiré sur la corde. De toute façon, cinq jours ne suffisent pas pour explorer cette fascinante mégapole, il faudrait au moins cinq semaines. Néanmoins, dans l’ensemble, j’ai ai bien profité : j’ai adoré me plonger dans cette jungle urbaine, et je m’y suis acclimaté en un clin d’œil. En quittant Bangkok, dès demain, je conclue le second tiers de mon épopée asiatique : après le sous-continent indien, après l’Indochine, j’attaque la région océanique. Si tout va bien, je vais intégralement dévaler la péninsule malaise, avant de longer les îles de la Sonde jusqu’au bout du bout, le Timor. Quelque part au milieu, j’ai rendez-vous sur la plus fameuse d’entre elles, Bali, avec une vieille connaissance, ma très chère Olivia, qui désire interrompre sa vie parisienne pendant trois semaines. Un peu de repos en si bonne compagnie me fera le plus grand bien, mais d’ici là, j’ai encore quelques milliers de kilomètres à parcourir.


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