lundi 31 décembre 2012 - 808e jour


Sans réveil, qui dit couché tard dit levé tard. J’émerge au milieu de la matinée et je descends prendre un café au marché et faire le plein de fruits. Pendant que je déjeune sur mon toit mes mandarines et mes fruits du dragon, puisque la cuisinière à la flemme de me préparer à manger, Rebecca, une allemande de 25 ans, s’invite à ma table. Pour couper court aux commentaires salaces de mon cher frère, précisons qu’elle n’est pas à mon goût. Ca ne l’empêche pas d’être sympathique, et comme nous avons le même programme, nous convenons de passer l’après-midi ensemble. En tuk-tuk, nous sortons de la ville pour nous rendre à une ancienne gare de l’époque française, au milieu de nulle part. Les villageois utilisent encore la voie ferrée pour transporter la récolte : ils ont bricolé des essieux en acier sur lesquels ils posent de simples chariots de bambou. Et des petits malins en ont fait une attraction touristique. Nous voilà donc partis à travers champs ; même à 30 km/h, les rails étant tout tordus, mieux vaut s’accrocher. Le paysage n’a rien d’exceptionnel, mais l’expérience reste amusante. Un peu plus loin, nous stoppons devant un village minuscule. Il y a là quelques modestes cabanes et une briqueterie ; les habitants, d’un calme olympien, profitent des quelques visiteurs pour vendre des produits artisanaux. On retourne alors le chariot sur ses essieux, et nous retournons sur nos pas. Notre chauffeur nous conduit maintenant vers une petite montagne à une trentaine de kilomètres. Celle-ci étant couverte de forêt, je suis bien content d’enfin gambader dans la nature. Au sommet, comme toujours, il y a deux ou trois petits temples et un fier stupa dorée, mais c’est surtout la superbe vue panoramique qui vaut le détour. A nouveau en bas, comme les autres, nous nous plaçons devant un trou béant dans la falaise. Soudain, une ribambelle de chauves-souris s’en échappe et le défilé n’en finit pas : comme chaque soir au crépuscule, elles sont des millions à sortir pour chasser. De retour à Battambang, je propose de nous arrêter au marché de nuit, où des dizaines de stands servent à manger sur les quais. Pour le réveillon, nous nous permettons un vrai festin : une assiette de porc, riz et légumes accompagné d’un milk-shake coco, et de drôles de petits gâteaux sucrés pour le dessert. A nouveau sur le toit, tandis que je m’en fume un petit pour fêter la nouvelle année, Rebecca, voyageuse débutante, me demande comment on peut partir si longtemps. Je lui explique qu’à partir du moment où on a la chance d’être né dans un pays riche, c’est surtout une question de choix ; il faut établir ses priorités et consentir aux sacrifices qu’elles nécessitent. Ensuite, alors que je lui montre mes photos du Laos, elle reconnait mes camarades de canoë. Et en vérifiant sur les siennes, nous apercevons bien ma pomme dans un coin. Incroyable : quinze jours auparavant, nous avons passé deux heures ensemble, parmi en groupe de dix, sans nous rappeler l’un de l’autre. La morale de l’histoire à mon avis, c’est qu’à chaque instant, nous passons à côté d’un tas de choses qui sont pourtant sous notre nez.



3 commentaires:

brice a dit…

je ne ferais pas de commentaire salace sur le fait qu une jeune inconnue soit venue prendre son petit dejeuner avec toi sur le toit d un hotel...
et comme tu dis, tout est une question de priorite

claude et jac laine a dit…

bonne année et au plaisir de te revoir biz jac et claude

Cara a dit…

Haha, excellent de ne pas vous être reconnus ;)
Bonne année !

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