J’avais
du sommeil en retard, j’ai donc dormi 11h. La nuit a été fraîche, mais à 9h, le
soleil tape déjà fort. Après le petit-déjeuner à la guinguette, je commence par
quelques kilomètres pour trouver des cigarettes, puis j’entreprends de longer
les rives du lac. Le panorama est magnifique mais les bois sont quelconques. Le
problème, c’est que je tourne en rond : je me retrouve à nouveau devant
les bureaux du parc. Je suis un alors un peu au hasard le bitume, devinant
vaguement sur le plan médiocre que la jungle est dans cette direction. Je tente
bien quelques incursions sur les chemins, mais ils ne vont nulle part. Et puis
le long de cette route sont bâties de petites maisons et autour on cultive des
champs. Je me demande bien où se trouve cette nature sauvage qu’on m’a promis.
A un carrefour où les panneaux sont en thaï, je décide de faire du stop, et un
vieil homme finit par s’arrêter. Pour me faire comprendre, je n’ai qu’une
simple photo à lui montrer ; je grimpe à l’arrière du pick-up. Lorsqu’il
me dépose gentiment devant un poste de garde, je comprends en voyant le relief
et l’alléchante forêt qui le recouvre que ce fichu parc débute ici. Mais les
agents en uniforme refusent de me laisser passer à pied ; les éléphants
peuvent être dangereux d’après eux. Je reste planté là jusqu’à ce qu’un
véhicule se pointe : ces occupants acceptent de m’emmener, mais ils ne
redescendent que demain. J’hésite un instant, mais il est déjà 14h et mes
affaires sont toujours sous ma tente ; je me ravise donc. Je suis déçu et
fatigué, surtout que j’ai encore une longue route pour rentrer et la même à
refaire demain matin. Mais ma bonne étoile veille. Attiré par cette terrasse
surplombant un grand jardin soigné et une petite rivière, je m’arrête boire un
soda : la tenancière devine mon désappointement et en quelques minutes,
elle m’arrange tout. Elle appelle d’abord les gardes forestiers qui tiennent
cette barrière pour leur demander de me placer dans une voiture le lendemain à
la première heure. Et comme ses bungalows sont trop chers pour moi, elle me
propose de planter ma tente dans son jardin pour une somme dérisoire. Enfin,
elle prie son mari de m’accompagner en voiture pour récupérer mon sac. On ne me
demande rien pour la course, mais touché par tant de sollicitude, je donne un
petit billet de 100. Enfin confortablement installé sur la terrasse, et alors
que madame m’offre un délicieux curry vert, je fais connaissance avec mes
hôtes. Nok a vécu longtemps en Australie et a décidé récemment de rentrer au
pays pour construire ce petit paradis avec son nouvel homme, Nui. Avec des moyens
évidents et surtout beaucoup de volonté, ils ont bâti la maison, aménagé le
jardin et un potager bio, ajouté la guinguette et trois charmants
bungalows ; le tout en neuf mois seulement. Ces deux-là, la quarantaine,
sont un couple épanoui et d’une extrême bonté. Ils sont le seul point positif
de la journée, mais cela suffit à la rendre belle. Dès 21h, je m’endors avec le
sourire.
1 commentaire:
Une preuve de plus qu'il y a plus de gens prêts à aider que le contraire !
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