mercredi 2 janvier 2013 - 810e jour

Dès 7h, dans ma chambre, Sokhom m’apporte le petit-déjeuner, identique au diner de la veille. Enthousiaste, je quitte alors la maison d’un pas énergique. Seulement, j’ai mal évalué les distances : il me faut quasiment deux heures pour rejoindre Siem Reap et la billeterie, à 8 km, et encore plus d’une heure dans le parc. J’aime bien marcher, mais là, je commence franchement à m’agacer de ma propre stupidité. Heureusement, puisqu’elle est protégée, la forêt est superbe ; Certains arbres, comme les kapokiers, dépassent allégrement les 30m. La matinée est déjà bien entamée quand j’approche enfin du plus glorieux des vestiges angkoriens. Il faut d’abord contourner ses douves immenses, que l’on franchit par une large allée pavée. De l’autre côté, on passe le mur d’enceinte sous un grand porche, et au loin, le mythique Angkor Wat apparait dans toute sa splendeur. Edifié au début du 12e siècle, sa silhouette caractéristique symbolise les montagnes sacrées, et la plus haute des cinq tours la demeure du dieu Vishnu. Le temple proprement dit, gigantesque construction de pierres taillées, est d’abord entouré de longues galeries couvertes. Sur les murs, des bas-reliefs interminables figurent les textes de l’hindouisme ; le nombre de personnages, dieux, démons, soldats, est effarant. A l’intérieur, on atteint une première plateforme où se trouvent des bassins et des coursives décorées de nombreuses sculptures, puis une seconde via un escalier très raide, le sanctuaire d’où s’élèvent les cinq tours ; celle du centre mesure encore plus de 40m. Le travail fournit ici voilà 900 ans, tant par sa quantité que sa qualité, est époustouflante. Evidemment, il y a beaucoup de monde dans le temple, mais l’enceinte est vaste : je trouve facilement un coin tranquille pour contempler cette merveille. En marchant de nouveau sur la route pendant une bonne heure de plus, je constate que parmi les milliers de visiteurs qui circulent, je suis le seul idiot à pied. Je me dirige maintenant vers Angkor Thom, l’immense cité royale, encore encerclée de douves et de remparts. Toutes les habitations ainsi que les palais, bâtis en bois, ont disparu depuis longtemps, mais les édifices religieux, de pierre ou de brique, témoignent encore de la magnificence de la capitale impériale. Je circule d’abord parmi les 54 tourelles de l’imposant et mystérieux Bayon, qui arborent sur chaque face 216 portraits grand format du Dieu-Roi ; puis j’arpente la terrasse des éléphants et celle du roi lépreux, qui bordent à n’en plus finir l’avenue centrale ; je grimpe au sommet du Baphuon, énorme pyramide à trois niveaux ; puis je slalome entre les seize hautes tours Souprah. En quittant l’antique cité, j’accélère encore le pas car je ne veux pas manquer le fameux Ta Prohm. J’y arrive enfin au meilleur moment, quand le soleil couchant vient l’illuminer. Laissé dans le même état que lorsque qu’il fut redécouvert, il est situé au milieu d’une jungle épaisse. Le monument est en piteux état, les blocs des toits effondrés gisant un peu partout, et les racines stupéfiantes d’arbres géants recouvrant certains murs ; c’est ce qui fait tout son charme. Comblé par cette journée fantastique, mais aussi exténué par plus de 25 km et des dizaines d’escaliers, j’arrête le tuk-tuk d’une chinoise qui me dépose en ville. J’y loue un bon VTT pour retourner vers la maison, mais la lune n’est pas au rendez-vous et la nuit est d’encre. J’avance donc sur la piste à tâtons, distinguant à peine la ligne des arbres qui se détache du ciel étoilé. Mais je dois me rendre à l’évidence : ce chemin n’est pas le bon ; je retourne donc sur la route et appelle Sokhom qui vient rapidement à mon secours. Mon hôte, qui a visiblement l’habitude, se prend un peu pour un aubergiste, mais en plus d’être très serviable, cela ne l’empêche pas d’être fort sympathique. N’ayant mangé qu’un ananas et une noix de coco depuis ce matin, je dévore mes petits poissons en une bouchée, avant de m’écrouler sur mon lit.









3 commentaires:

brice a dit…

mercredi 2 decmbre 2013? et un tour dans le futur! y avait quoi dans tes concombres hier?
en tout cas, normal d halluciner dans ces ruines incroyables.
la civilisation d Angkor, nee de la laitrise des eaux par ses habitants fondareurs est apparemment decedee par manque d eau, victime de sa propre grandeur et d une population qui aurait ete constituee de plusieursmillions d individus. un probleme de gestion des ressources naturelles bien d actualite...

Jérome a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Jérome a dit…

désolé, je suis toujous aussi nul avec les dates. Pour moi, le calendrier se limite à hier, aujourd'hui et demain ! C'est corrigé.

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