lundi 21 janvier 2013 - 829e jour


A la gare routière, j’ai le temps de prendre un petit déjeuner complet, puis un minibus m’emmène à la frontière, à seulement 70 km. Pour moi, je suis resté 14 jours en Thaïlande, mais les autorités comptabilisent le soir de mon arrivée ainsi que ce matin : 16 jours, alors que l’exemption de visa n’est que de 15. Je le savais, je suis bon pour une amende de 500 bath (12, 50 euros). Côté malaisien, les formalités ne durent pas plus de 30 secondes : autorisation de séjour gratuite de trois mois, ça devrait suffire. La Malaisie, le 38e pays de mon odyssée, est une nation au développement affirmé, et dotée d’une histoire captivante. Les chinois, les indiens, les arabes et les javanais utilisent la péninsule comme comptoir depuis toujours ; les portugais et les hollandais l’occupent un temps ; puis les anglais la colonise. Désormais fédération de sultanats, 60% de son territoire se situe sur l’île de Bornéo, où je n’irai pas, mais la majeure partie des 30 millions d’habitants vit sur la péninsule. La population est plurielle, représentative de toute le continent : outre les malais de souche, une forte proportion est d’origine chinoise et indienne, sans compter les immigrés indonésiens, vietnamiens, birmans et autres. Forte de ses ressources naturelles, dont le pétrole, l’économie est prospère. C’est aussi un pays musulman, comme me le prouve cette vieille dame voilée, très gentille, qui attend le bus avec moi pendant près d’une heure. Celui-ci me dépose 10km plus loin devant l’entrée du parc national de Perlis. L’homme rondouillard qui m’accueille est d’une extrême amabilité, et m’offre de m’emmener plus tard au centre d’accueil, à quelques kilomètres de là. En attendant, je parcours un beau jardin, au pied d’une haute falaise d’où jaillit une rivière. Plus loin, j’arrive devant l’entrée de Gua Kelam, une grotte fameuse. Elle semble fermée, mais la grille est entrouverte ; équipé de ma lampe frontale, je m’y introduis. Un long couloir obscur parcouru par une passerelle métallique débouche dans une caverne plus large, puis je descends des escaliers, m’aventure dans d’étroits boyaux, tout en prenant garde de mémoriser mon parcours. Soudain, j’aperçois une lueur au loin : je débouche alors dans une salle immense, savamment éclairée par des spots de couleurs, qu’on a visiblement oublié d’éteindre. Le spectacle est saisissant, d’énormes formations rocheuses occupant l’espace. J’escalade une paroi et, légèrement anxieux, je m’engage un peu plus dans cet étonnant labyrinthe minéral. Après avoir gravi un escalier raide et sinueux, je suis soulagé de déboucher juste au-dessus du bâtiment où je me trouvais deux heures auparavant. La grille est verrouillée, mais je parviens à me faufiler entre les barreaux. Je rejoins donc mon bon ami, qui me conduit via une route escarpée à la véritable entrée du parc. Comme je souhaite camper, il m’explique où se situe le site. Il est encore tôt, je laisse donc mon sac sous sa surveillance et pars visiter les lieux. Sur une vieille route goudronnée, je m’enfonce alors dans une jungle fabuleuse. Avec cette grosse chaleur et cette humidité extrême, la végétation explose littéralement. Il y là une invraisemblable variété de végétaux : des arbres gigantesques, 40 m au moins, 50 pour les plus hauts, ou des palmiers que je n’ai jamais vu, à l’envergure démesurée. Mais le plus impressionnant, ce sont les bruits de sirène, de sifflet ou de perceuse que font les insectes : un vacarme ahurissant. Après avoir suivi quelque sentier pavé qui permettent facilement de pénétrer la forêt, j’atteins le village des visiteurs : pas âme qui vive. J’examine le grand restaurant, les dortoirs, le camping, et plusieurs bungalows VIP au bord d’une charmante rivière ; je remarque d’ailleurs que la baie vitrée de l’un d’eux est restée ouverte. Puisque cette jungle est à moi seul, j’estime que je serai bien mieux dedans que dehors. Fasciné par cette nature extravagante, je fais d’abord un grand tour dans les parages, puis je retourne à l’accueil en quête de nourriture. Tout le monde est parti, sauf le gardien qui dort à poings fermés. Sur la route, j’arrête une voiture qui me dépose 2 km plus loin, devant un modeste poste-frontière. Je dine dans une guinguette, j’achète des chips et des biscuits pour ma journée de demain, et retourne à pied, subrepticement, jusqu’à mon logement douillet ; comble du luxe, j’ai même de l’eau chaude. Bien plus tard, alors que je fume une cigarette sur la terrasse, je distingue une lumière, probablement le gardien qui fait sa ronde : je fonce à l’intérieur, j’éteints la lampe et ne bouge plus. Une heure plus tard, je ressors sur la pointe des pieds et je revois la même lueur : ce sont des lucioles, tout simplement.





1 commentaire:

brice a dit…

la c est n importe quoi...

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