La Terre et les hommes, les deux principaux motifs de ma
course folle : depuis que j’ai quitté Bangkok voilà deux semaines, je
gambade dans la nature, d’un parc national à un autre, d’une île à une
montagne. Pendant les deux prochaines, je vais arpenter des métropoles
résolument modernes et des cités chargées d’histoire. Et pour faire la
transition, je pars ce matin pour Kuala Selangor, modeste bourgade de bord de
mer et ancienne capitale d’un sultanat. Mais la réalité des cartes n’est pas
celle de l’asphalte : je dois transiter par Kuala Lumpur, ce qui me
rallonge d’environ 150 km et surtout de plusieurs heures. En descendant des
montagnes dans mon bus princier, par ailleurs un vrai frigo, comme j’écris un
peu le temps passe plus vite, jusqu’aux abords de la capitale où les
embouteillages le ralentissent. Dans les banlieues, de grandes barres
d’immeubles défilent, puis dans le centre, ce sont de hautes tours de verres.
Vers 13h, nous stoppons plein centre dans la gare routière principale : elle
est immense, sur plusieurs étages, et organisée au millimètre. Pourtant, le
prochain car ne part que dans trois heures, alors armé d’un bout de papier, je
traverse donc quelques pâtés de maisons à la recherche d’un carrefour, d’où
partent les bus locaux. Rien de luxueux cette fois, le véhicule est
probablement plus vieux que moi ; surtout, il s’arrête toutes les cinq
minutes. Cependant, il roule mieux après être sorti de l’agglomération, alors
que les inévitables palmiers à huile remplacent les buildings. Enfin à destination,
je marche encore près d’une heure jusqu’au centre ; j’ai donc voyagé
pendant 8h quand mes plans foireux en prévoyaient la moitié. Je déniche une
petite chambre sans fenêtre dans un motel élégant, je jette mon sac sur le lit
et ressors aussitôt. La côte, occupée par des marécages, n’est pas accessible,
mais les autorités ont aménagé une petite réserve naturelle. Je parcours la
forêt un bon moment, seul avec les singes et les oiseaux, avant de m’engager
sur une très longue passerelle en bois qui s’enfonce dans l’épaisse mangrove,
puis j’admire le soleil se coucher sur cette écosystème singulier du haut d’une
tour d’observation. Après la douche, je dine chez un arabe quand j’entends parler
français : je m’invite à la table de deux compatriotes, des cyclistes qui
viennent de pédaler 100km. Je leur demande s’ils ne veulent pas m’accompagner
pour voir une curiosité du coin, des milliers de lucioles illuminant les berges
d’une rivière. Le premier est trop fatigué, mais le second accepte. David et
moi avons beaucoup de points communs, nous nous entendons instantanément. Et
pour ne rien gâcher, il a l’excellente idée de partager un peu d’herbe au
moment propice. Ainsi, installés sur une barque et les yeux brillants, nous
contemplons un énième miracle de la nature à la lueur de la pleine lune. Une
luciole, en soi, c’est insignifiant, mais quand elles sont des millions à
clignoter en rythme telles des guirlandes de noël, le spectacle devient enchanteur.
Aussi, David me parle d’un événement à seulement 10 km de Kuala Lumpur, une
fête hindou très importante qui se déroule pile demain. Une belle
rencontre ce collègue : j’avais un programme léger, mais la journée
va être chargée.
NB : la dernière photo n'est pas la mienne
1 commentaire:
encore une histoire brillante:-)
Enregistrer un commentaire