Après que la réceptionniste est frappée à ma porte, je plie
laborieusement mes affaires. Soudain, je m’aperçois que je n’ai perdu ma carte
bleue. Pas le temps de m’apitoyer, le train ne va pas m’attendre. Après la
jungle urbaine, la forêt vierge va me faire le plus grand bien : je me
dirige ce matin vers le parc national de Kaeng Krachan, à 300 km au Sud-Ouest. Avec
ces 3000 m, il est la plus grande réserve naturelle et l’un des derniers
endroits sauvages du pays. Sa situation sur l’isthme de Kra, l’entrée de la
péninsule malaise, et sur les contreforts de la chaîne du Tenasserim en font un
lieu unique, doté d’une faune et d’une faune très riche. Cependant, les
informations à son sujet étant insignifiantes, je ne sais pas trop à quoi
m’attendre. Vers midi, je descends du train à la gare de Phetchaburi, ville
moyenne sans intérêt ; la première chose à faire avant de partir loin de
la civilisation est de contacter mon secrétariat, ma chère maman en
l’occurrence, pour lui demander de faire opposition à ma carte et d’en
commander une nouvelle. J’effectue la besogne en me régalant dans une
pâtisserie fine, avant de chercher le moyen d’atteindre le parc. Dans la rue, une
gentille dame, enfin quelqu’un qui parle anglais, m’indique d’attendre devant
sa guinguette : un peu plus tard, je grimpe dans un van luxueux, un genre
de taxi collectif pour gens aisés. Je m’endors pendant son interminable sa
tournée, puis il me dépose devant les bureaux du parc. Niché dans la forêt au
bord d’un grand lac de barrage ponctuée d’îlots de végétation et avec les
montagnes douces qui ondulent à l’horizon, l’endroit est superbe, et surtout
d’une quiétude salutaire. Personne n’est capable de me renseigner et les
panneaux explicatifs sont tous en thaï ; quant au misérable dépliant en
anglais, il ne m’est d’aucun secours. Mais peu m’importe, je suis ravi d’être
là. Je plante ma tente sur une pelouse moelleuse au bord de l’eau et je profite
de la fin du jour en humant l’air pur. Enfin, dans un modique restaurant
d’extérieur, je passe la soirée avec trois jeunes anglais, aussi perplexes que
moi quant à la marche à suivre pour explorer les lieux. On verra demain ;
d’ici là, je remets ma pendule interne à l’heure en me couchant vers 10 h, soit
six ou sept heures plus tôt que les jours précédents.
2 commentaires:
Bon courage pour la suite, la vie est belle en Thailande comme en France. Ici c'est le week-end sous la neige. A bientôt mon ami.
Albin
Superbe photo !
Enregistrer un commentaire